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Chapter 21 - Chapitre 21

Au petit matin, lorsque j'ouvre les yeux, je remarque Luc assis près de moi, un doux sourire accroché à ses lèvres. Il attend patiemment que je me réveille. Dès qu'il croise mon regard, il dit d'une voix tendre :

— Bonjour, tu es réveillée !

Je lui rends son sourire et réponds calmement :

—Bonjour. Pourquoi es-tu déjà levé si tôt ?

Il rit doucement.

— Il est déjà neuf heures, ma chérie. Ce n'est pas aussi tôt que tu le crois.

Surprise, je me redresse légèrement.

— Neuf heures ? Wow, je pensais qu'il faisait encore très tôt.

Son visage est fait plus sérieux. D'un ton inquiet, il demande :

— Dis-moi, tu as mal quelque part ?

Je secoue la tête pour le rassurer.

— Non, non, ne t'en fais pas, je vais bien.

Mais il insiste, visiblement encore soucieux.

— Tu es sûre que ça va ?

Je souris, touchée par son attention.

— Oui, je t'assure, tout va très bien. Tu n'as plus besoin de t'inquiéter pour moi.

Il pousse un léger soupir de détente avant de reprendre avec douceur :

— D'accord, puisque tu le dis, alors je te crois. Tiens, je t'ai apporté à manger : un bon bouillon de tête de cabri, juste pour ta santé. C'est très nourrissant.

Il prend le bol encore fumant, souffle délicatement dessus pour en atténuer la chaleur, puis ajoute avec un sourire attendri :

— Viens, laisse-moi te nourrir un peu.

Je l'observe, émue par tant de soin. Son regard bienveillant, son ton rassurant, tout en lui dégage une chaleur qui apaise mon cœur fatigué. Dans ce simple geste, je sens toute son affection.

Je le regarde, un peu amusée, puis je dis doucement :

— Je peux le faire moi-même.

Luc fronce les sourcils, visiblement pas convaincu.

— Comment ça, tu peux le faire ? Tu n'es pas encore totalement restaurée. Tu ne dois pas faire d'efforts, d'accord ?

Je soupire et réplique :

— Le médecin a dit que j'allais bien maintenant.

Il secoue la tête, un léger sourire au coin des lèvres, mais son ton reste sérieux.

— Le docteur m'a rassuré, oui. Il a dit que tu étais hors de danger, mais il m'a aussi précisé que tu devais être prudente et prendre plus de précautions. Tu es encore fragile, ma belle. Pas question que tu te bénisses à nouveau, compris ?

Je croise les bras, un brin boudeuse.

— Je ne suis pas un enfant, tu sais.

Il rit doucement avant de reprendre, un peu autoritaire mais toujours tendre :

— Cesse de discuter et ouvre la bouche, je te nourris.

Je capitule dans un sourire.

— D'accord… c'est comme tu veux.

Luc s'approche davantage, prend la cuillère avec précaution, puis souffle doucement sur le bouillon encore chaud avant de moi la tendre. Je goûte, et la saveur du bouillon emplit ma bouche. Entre chaque cuillère, il prend une serviette, essuie délicatement mes lèvres et les pièces de ma bouche, comme s'il manipulait quelque chose de précieux. Son geste est d'une douceur qui me touche profondément.

Après une dernière bouchée, il s'attarde un peu, son regard plongé dans le mien. Nos yeux se croisent et restent accrochés. Il ne dit rien, mais dans ce silence, tout parle. Dans ses yeux, je lis une émotion que je n'arrive pas à décrire : tendresse, amour, soulagement… peut-être tout à la fois.

Je sens mon cœur battre plus fort. Son regard semble murmurer : Tu m'as manqué. Reste là. Tu comptes tellement pour moi.

Sans un mot, il s'approche lentement. Sa main retire doucement la serviette qu'il tenait encore entre ses doigts, et je sens son souffle effleurer mon visage. Ses lèvres s'approchent des miennes, hésitent un instant, puis avancent encore. Je ne bouge pas. Mon corps reste immobile, mais tout en moi tremble.

Il ne reste plus qu'un souffle entre nous. Nos lèvres se frôlent, prêtes à se rencontrer. Et c'est à ce moment précis que la porte s'ouvre brusquement.

— Monsieur Luc, tous les préparatifs sont faits, c'est terminé…

La voix de Carl, son assistant personnel, résonne dans la pièce. Luc se fige, moi aussi. Le silence devient lourd.

Carl s'interrompt, ses yeux s'écarquillent en comprenant la scène qu'il vient d'interrompre. Son visage devient pâle. Il bafouille, embarrassé :

— Je… je me rappelle maintenant que j'ai… quelque chose à faire… qui n'était pas fini. Oui, voilà, c'était inachevé. Alors je vous laisse… prenez votre temps.

Pendant un instant, un silence pesant plan entre nous. Puis je détourne le regard, gênée, tandis que Luc soupire profondément.

Dans ses pensées, il fulmine : Qu'est-ce qu'il vient faire à ce moment-là ? Il a tout gâché… toujours au mauvais moment, celui-là.

Pendant ce temps, devant la porte, Carl se demande nerveusement , la main sur la tête, paniqué.

Oh mon Dieu ! Pourquoi suis-je apparu à ce moment-là ? Pourquoi ? pense-t-il désespéré. Le patron va me tuer, ou pire… réduire mon salaire ! Seigneur, fais que j'oublie ce que j'ai vu ! Si seulement je pouvais disparaître, ou remonter le temps de quelques secondes.

Alors que Carl tente de quitter la pièce, la main déjà sur la poignée, Luc l'interpelle d'une voix calme :

— Attend, Carl. Je viens dans quelques dizaines de minutes. N'oublie pas de régler les formalités, et achète-moi quelques fruits. Et surtout, sans oublier…

Il ne termine pas sa phrase. Au lieu de cela, il lui fait un signe discret, l'invitant à s'approcher. Carl s'exécute, un peu hésitant. Luc se penche alors vers lui et murmure à son oreille, d'un ton bas mais ferme :

— Ta prime de ce mois-ci est réduite de moitié.

Les yeux de Carl s'écarquillent. Pris de panique, il cherche à se défendre :

— Patron ! Je…

Mais Luc pose une main sur son bras, lui adresse un sourire calme, presque amusé, et lui pince doucement le bras comme pour lui dire tais-toi, inutile d'en rajouter. Sans un mot de plus, Carl hoche la tête et quitte la pièce d'un pas rapide, le cœur serré.

Luc se tourne sourire alors vers moi avec un petit en coin.

— Bon… où en étions-nous ? Il n'y aura plus personne pour nous déranger cette fois.

Il s'avance lentement, son regard ancré dans le mien, et penche la tête comme pour m'embrasser. Mais avant que ses lèvres ne touchent les miennes, la porte s'ouvre encore une fois avec fracas.

— Patron ! J'ai oublié de te donner quelque chose !

Carl réapparaît, essoufflé, un téléphone à la main. Il ajoute précipitamment :

— Ne t'inquiète pas, je n'ai rien vu, rien du tout !

Mais dans sa tête, il se maudit : J'ai encore énervé le patron… cette fois, c'est sûr, je n'ai plus de prime, et peut-être même plus de salaire.

Luc se redresse lentement, le regard perçant.

— Qu'est-ce qu'il y a encore, Carl ?

Tremblant, celui-ci tend l'objet vers lui.

— Monsieur Luc… voici le téléphone de Mademoiselle Maylidjy. J'avais oublié de te le remettre tout à l'heure.

Luc esquisse un sourire contrôlé, sa voix se fait faussement douce :

— Merci, c'est très gentil de ta part.

Mais son ton trahit une promesse silencieuse : on règlera ça plus tard.

Carl disparaît enfin, refermant la porte avec précaution. Luc s'approche de moi, dépose le téléphone dans ma main et dit simplement :

— Tiens, voici ton portable.

Je le regarde et murmure :

— Merci.

Luc me regarde avec douceur, puis dit d'un ton calme :

— Va te laver. Voici des vêtements propres, mets-les dès que tu auras terminé. Je t'attendrai devant la porte, d'accord ?

Je hoche la tête, un peu gênée.

— D'accord… merci.

Je prends les habitudes et me dirige vers la salle de bain. L'eau chaude glisse sur ma peau, apaisant mes muscles encore fatigués. Une étrange sensation de légèreté m'envahit, comme si ce bain effaçait les traces de tout ce que j'avais vécu les jours précédents.

Une fois lavée, j'enfile les vêtements que Luc m'a donnés. Ils me vont parfaitement — simples mais élégants, confortables et doux au toucher. Je respire un grand coup, puis dors de la pièce.

À ma surprise, Luc est toujours là, debout près de la porte, les bras croisés, un léger sourire aux lèvres.

— Tu étais encore là ? dis-je, un peu prise au inattendu.

Il hausse un sourcil, faussement étonné.

— Sinon ?

Je ris doucement.

— Je ne sais pas… peut-être ailleurs.

Il m'observe un instant, puis demande :

— Tu es prête ?

— Bien sûr, je le suis.

Son regard glisse lentement sur moi, et je vois une lueur nouvelle briller dans ses yeux.

— Tu es ravissante, murmure-t-il d'une voix basse, presque passionnée.

Surprise, je reste figée une seconde avant de répondre timidement :

— Merci.

Il esquisse un sourire satisfait, puis me fait signe de le suivre. Nous marchons côte à côte à travers le couloir, puis montons dans la voiture. Le trajet se déroule dans un silence doux, ponctué de quelques regards échangés.

Lorsque nous arrivons, je sens mon souffle se couper. Devant moi se dresse une somptueuse villa, vaste et élégante, entourée d'un jardin soigneusement entretenu.

— Wow… c'est splendide, murmuré-je sans pouvoir retenir mon émerveillement.

Luc me regarde, amusé.

— Ce n'est que l'extérieur, attends de voir l'intérieur.

Et il avait raison. À peine franchi le seuil, mes yeux s'écarquillent. Le salon est spacieux, lumineux, décoré avec goût. Tout semble à la fois moderne et chaleureux.

— Ce n'est pas qu'une villa de luxe, dis-je en souriant, c'est carrément un petit paradis.

Luc rit doucement.

— Si ça te plaît, c'est le principal.

Mais une question me traverse l'esprit. Je me tourne vers lui et demande :

— Où est ma mère ? N'habite-t-elle pas ici avec nous ?

Son sourire s'efface un instant. Il paraît hésitant, cherche ses mots, puis me répond d'un ton rassurant :

— Non, elle n'habite pas avec nous.

Je fronce légèrement les sourcils.

— Et pourquoi ?

Il inspire profondément avant de répondre :

— Elle a préféré ne pas s'installer ici. Elle m'a dit qu'elle ne voulait pas déranger notre vie de couple… et que son travail était plus proche de son appartement actuel. C'était plus pratique pour elle.

Je reste silencieuse un moment, observant le vaste salon autour de moi, un léger trouble au cœur. Quelque chose me dit qu'il y a peut-être plus à cette histoire qu'il ne veut bien le dire.

Je le regarde avec un air troublé et dis d'une voix légèrement tremblante :

— Mais elle ne nous dérangerait pas ! Comment est-ce possible ? Comment ai-je pu laisser ma mère seule ?

Luc s'approche un peu, pose une main rassurante sur mon épaule et répond calmement :

— Ne t'inquiète pas, ma chérie. Tu l'as laissée parce qu'à cette époque, nous passions la majorité de nos journées au travail. Elle ne voulait pas rester seule à la maison toute la journée. C'était son choix, tu sais.

Je baisse la tête, pensive.

— Je comprends…

Luc me sourit avec douceur.

— Allez, ne te fais pas de souci pour ça.

Je hoche la tête et lui dis :

— Je monte à l'étage.

— D'accord, répond-il en souriant.

Je monte lentement l'escalier, encore préoccupée par cette idée. Une fois dans la chambre, j'allume mon téléphone. L'écran s'illumine et plusieurs notifications s'affichent. Mon cœur se serre en voyant le nom de ma mère apparaître plusieurs fois : plusieurs appels manqués.

Je tente immédiatement de la rappeler, mais la ligne ne passe pas. J'essaie encore, sans succès. Une inquiétude sourde monte en moi.

Je range mon téléphone dans ma poche et redescends rapidement les escaliers. Luc est encore dans le salon, assis sur le canapé.

— Babe, je reviens, dis-je en attrapant mon sac. Je vais faire un tour au centre commercial… et je passerai voir ma mère en même temps.

Il lève les yeux vers moi, surprise, puis se redresse.

— Ma chérie, tu n'as pas besoin de t'occuper des tâches ménagères ou de quoi que ce soit. Laisse ça aux domestiques.

Je lui adresse un sourire rassurant.

— Ce n'est pas pour ça, t'inquiète pas. Je veux juste lui acheter quelques petites choses, des trucs dont elle pourrait avoir besoin.

Luc me regarde avec douceur et dit calmement :

— D'accord, ma chérie. Alors laisse le chauffeur te conduire.

Je hoche la tête, un léger sourire aux lèvres.

— D'accord, bébé. Je reviens vite.

Je monte dans la voiture et, quelques minutes plus tard, j'arrive au centre commercial. L'endroit est animé, rempli de monde. Je marche lentement entre les rayons, observant les vitrines, quand soudain un jeune garçon me bouscule par accident. Il trébuche et tombe au sol.

- Oh ! fais attention ! dis-je en me baissant aussitôt pour l'aider.

Je lui tends la main et l'aide à se relever. Inquiète, je demande d'une voix douce :

— Tu vas bien, mon garçon ? Tu dois faire attention en courant comme ça. Tu n'es pas blessé ?

Le petit secoue la tête, essoufflé mais souriant.

— Non, madame, merci.

Rassurée, je souris à mon tour. Mais à peine se redresse-t-il qu'il me fixe longuement, ses yeux s'écarquillant soudain. Puis, à ma grande surprise, il s'exclame d'une voix émue :

— Maman !

Je reste figée, le regard vide.

— Qu'est-ce que tu viens de dire ? Comment m'as-tu appelé ?

Il me regarde droit dans les yeux et répète calmement, avec une conviction troublante :

— Maman.

Je recule d'un pas, complètement déconcertée.

— C'est impossible… comment pourrais-je être ta mère ? Je suis bien trop jeune et je n'ai pas d'enfant. Tu dois te tromper, mon petit.

Mais le garçon secoue la tête, sûr de lui.

— Non, je ne me trompe pas. Tu es ma maman, je te reconnais. Tu es ma mère, Maylidjy. Je suis ton fils.

Je reste pétrifiée, incapable de répondre, mon cœur battant à tout rompre devant ce petit garçon qui prétend être mon fils.

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