Avant de partir, elle précisa
— Demain, je reviendrai pour le test et votre premier entraînement alors soyez prêt ! Et au fait, j'ai laissé un peu d'argent dans les téléphones qui vous ont été attribué pour subvenir à vos besoins. Enfin, c'était tout ce que j'avais à dire. À plus !
Quand Aya referma la porte derrière elle, un silence entier s'abattit dans le salon. Même le bruit du verrou semblait solennel. Ils restèrent immobiles quelques secondes, tous un peu sonnés.
« Elle est… un peu flippante, non ? » souffla Kaito.
« Non, juste professionnelle. » rectifia Riku, même s'il n'avait pas totalement l'air convaincu.
Hikaru prit une grande inspiration. Il sentait que s'ils restaient dans ce silence, ils allaient juste laisser l'angoisse les dévorer. Il s'avança donc au centre du salon, fit un petit signe maladroit de la main et se força à sourire.
« Bon, euh… déjà, enchanté. Je suis Hikaru Tanaka. Enfin… je suppose que c'est encore mon nom. J'ai l'impression qu'on va vivre ensemble un bon moment, alors… autant commencer en ami. »
Un petit rire nerveux échappa à Souta.
« Ah oui, euh… je suis Souta Nishimura. J'aime bien… enfin, j'aimais bien… la musique. »
Sa voix se brisa légèrement, comme s'il n'était pas encore habitué à entendre un timbre aussi joli sortir de sa bouche.
Ren haussa les sourcils, les mains dans les poches. « Ren Takahashi. Je suis pas très doué pour les présentations, mais… je ferai de mon mieux. »
« Kaito Suzuki ! » lança l'intéressé avec une énergie soudaine. « Avant j'étais… disons pas vraiment taillé pour danser, mais maintenant je me sens super léger. Je vais devenir une bête ! »
Riku se pencha légèrement, très poli. « Riku Yamamoto. Je vous promets de faire de mon mieux pour qu'on reste organisés. Si quelque chose doit être planifié, je m'en chargerai. »
Hikaru éclata d'un rire sincère. Même la tension dans sa poitrine se desserra un peu.
« Bon, maintenant qu'on sait à peu près qui est qui… on visite ? »
Ils partirent tous vers le couloir. Les portes alignées étaient munies d'un petit écran numérique affichant chacun de leurs noms. Hikaru ouvrit la première porte… et resta bouche bée.
La chambre était décorée dans des tons bleu glacier, lumière douce, mobilier moderne, quelques posters d'art minimaliste sur les murs. Tout était déjà parfaitement ordonné.
« C'est… carrément personnalisé ! » s'exclama Kaito en ouvrant la sienne. « Oh ! Un lit king size ! Et… attendez, pourquoi il y a autant de suppléments nutritifs dans mon armoire ? »
Ren renifla. « Moi j'ai une mini salle de muscu… C'est stylé. Très stylé. »
Souta ouvrit timidement sa chambre, et ses yeux s'illuminèrent. « Il y a un coin lecture… et une guitare ? Une vraie guitare ? »
Riku observa la sienne avec un calme plus discret. « Ils ont même mis un tableau blanc pour organiser un planning. On est vraiment… dans quelque chose de très préparé. »
Quand ils revinrent dans le salon, Souta posa une main sur son ventre qui gargouillait agressivement.
« Je… j'ai vraiment faim. »
Kaito lança :
« On a un frigo, non ? Avec tout ça, ils ont sûrement prévu un rest— »
Il ouvrit le frigo et resta figé.
Le frigo était entièrement vide. Pas un yaourt. Pas une bouteille d'eau. Pas une pomme.
« Heu… sérieusement ?! »
Hikaru leva timidement la main.
« Bon, j'y vais. Je vais faire des courses. Je suis plutôt bon pour cuisiner. »
Riku hocha la tête. « Je vais commencer le ménage. Il faut que l'appartement soit propre quand Aya reviendra demain. »
Kaito se frappa le torse. « Je t'aide ! »
Ren soupira mais vint poser une main sur l'épaule de Riku. « Allez, je m'y mets aussi. Ça nous évitera de penser au test de demain. »
Souta regarda Hikaru, les yeux brillants d'espoir. « Tu… pourrais prendre des trucs sucrés aussi… ? »
« Compte sur moi. » répondit Hikaru en rigolant.
Il enfila ses chaussures et sortit. Le couloir du bâtiment était propre, presque clinique, et l'ascenseur descendit silencieusement jusqu'au rez-de-chaussée. À travers les vitres blindées, il réalisa à quel point le lieu était sécurisé. Caméras à chaque coin, vigiles en uniforme, badge à scanner pour sortir.
Une fois dehors, il inspira profondément. L'air froid de Tokyo en hiver le saisit immédiatement.
« Ah… j'aurais dû mettre une veste. »
Il avança dans la rue, mais rapidement, il sentit des regards sur lui. Des piétons ralentissaient, le dévisageaient, chuchotaient entre eux. Des filles se retournaient même après l'avoir dépassé.
« Il est trop beau… »
« On dirait un mannequin… »
« Ses yeux ! »
Hikaru baissa la tête, soudain mal à l'aise. C'est moi… qu'ils regardent ?
Il n'arrivait pas encore à associer ce corps magnifique à sa propre existence. Ses cheveux argentés attrapaient la lumière, ses yeux bleu turquoise semblaient presque briller. Cela lui donnait un charme surnaturel qu'il avait du mal à assumer.
Pour se réchauffer, il entra dans une boutique de vêtements d'hiver. Une vendeuse l'accueillit avec un sourire trop large.
« Oh ! Bonjour monsieur ! Si vous avez besoin d'aide, n'hésitez surtout pas ! »
« Euh… merci. »
Il essaya plusieurs manteaux : noir long, bleu sombre, gris chaud à col fourré. À chaque fois qu'il sortait de la cabine, des clients le fixaient discrètement, certains chuchotaient. Une dame sortit même son téléphone pour le filmer avant que la vendeuse ne l'arrête.
Hikaru soupira. Je suis devenu une publicité ambulante sans le vouloir…
Il soupesa le prix du manteau puis ouvrit son téléphone.
Un solde s'afficha.
1 000 000 ¥
« HÉ ?! »
Il faillit lâcher le téléphone. Un million. Et s'ils étaient cinq… cinq millions. L'équivalent d'un bon salaire annuel. Les jambes d'Hikaru tremblèrent.
Elle nous a laissé ça comme argent de poche ?!
Il paya le manteau, une écharpe, des gants, puis fila vers le supermarché. Il remplit un panier entier : légumes, viande, sauces, nouilles, snacks pour Souta, boissons, fruits… Il nota qu'il attirait encore des regards, mais commençait à s'y résigner.
À la caisse, une petite cannette roula sur son pied. Il la ramassa et la tendit à une fille rougissante qui l'avait laissé tomber. Elle n'arrêtait pas de le fixé jusqu'à qu'elle se reprenne.
« Euh, d-d-désolé… ma main a glissé e-e-et ...merci ! »
Hikaru sourit. « Pas de problème. Bonne soirée. »
La fille faillit s'évanouir.
— Il est trop beau !!!!
Quand Hikaru rentra enfin au dortoir, ses bras chargés de sacs et ouvrit la porte…
Il découvrit un désastre.
« MAIS ?! »
Des coussins partout, Kaito accroché à un escabeau, de l'eau au sol, Ren couvert de poussière, Souta , l'air assommé, sur le canapé avec un torchon sur la tête, et Riku , trempé de la tête au pied avec une serpillière sur la tête.
Hikaru cligna des yeux.
« J'ai été parti combien de temps… ? »
« comment vous avez !? »
Ren se gratta la nuque. « …Trente minutes. »
Souta, réveillé , se leva difficilement
« … C'est..... une..... longue histoire »
« Écoute, » lança Kaito, « il y avait une araignée, OK ? »
« Et ensuite, tout dérapa ! » ajouta Ren
Hikaru se mit à rire. Il déposa les courses et releva ses manches pour aider à nettoyer tout ce bazar.
C'était le début d'une colocation plutôt mouvementée....
